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Une disparition

Hisham est né en 1970. Il a passé son enfance à Tripoli. Son père, Jaballah Matar, était un fervent opposant à la dictature de Mouammar Kadhafi. En mars 1990, alors que la famille vient de s’exiler au Caire, Jaballah Matar est enlevé par les services secrets égyptiens et emprisonné dans la célèbre prison d’Abou Salim. Hisham a alors 20 ans, et cette disparition va devenir l’obsession de sa vie. En 2010, sa famille a reçu la preuve que Jaballah était encore en vie en 2002. Depuis cette date, plus rien ou presque.

En deux romans, Hisham Matar, qui vit à Londres, s’est imposé ces dernières années comme une des voix les plus fortes de la littérature arabe contemporaine.

Dans l'intimité d'une chambre d'hôtel genevoise, Kamal Pasha el-Alfi, dissident politique sous une dictature arabe et ancien ministre de la monarchie égyptienne, est enlevé sous les yeux de Béatrice Benameur, sa maîtresse.
Son fils Nuri, adolescent à l'époque, n'aura de cesse d'élucider ce mystère. Mais le goût des non-dits fait loi dans l'ambiance calfeutrée de la haute société du Caire, et ses questions restent lettre morte.
Devenu adulte, Nuri évoque, au fil d'un récit mélancolique et élégant, son odyssée intime à la recherche du disparu : il s'empare du souvenir de cet homme respecté de tous, aimant mais avare de paroles. Resurgissent alors la mort inexpliquée de sa mère, rongée par une mystérieuse tristesse, et la passion coupable qu'il nourrit pour la seconde femme de son père, la jeune Anglaise Mona.
Autant de pistes sur les traces du père qui dessinent en creux un magnifique portrait du fils.

Récit d'une construction de soi, ce roman dépeint avec justesse une jeunesse du monde arabe tiraillée par l'exil et le renoncement. Un témoignage poignant à lire à la lumière de l'actualité.
article Mai 2013 retour