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Les souvenirs

David Foenkinos, né le 28 octobre 1974 à Paris, est un romancier français.
Son premier roman "Inversion de l'idiotie. De l'influence de deux Polonais" est publié en 2002 chez Gallimard.
Ses romans sont "Entre les oreilles", paru chez Gallimard, en 2002; "Le Potentiel érotique de ma femme", chez le même éditeur, 2004; "En cas de bonheur", édité chez Flammarion, 2005; "Les Cœurs autonomes", chez Grasset, 2006; "Qui se souvient de David Foenkinos ?", publié en août 2007 chez Gallimard; "Nos séparations", chez Gallimard en 2008; "La Délicatesse", chez le même éditeur, 2009 ( ici ); "Bernard", aux éditions du Moteur, 2010; "Le Petit Garçon qui disait toujours non", publié chez Albin Michel Jeunesse, 2011; "Les Souvenirs", Gallimard, 2011; "Le Saule pleureur de bonne humeur", Albin Michel Jeunesse, 2012; "Je vais mieux", Gallimard, 2013 ( ici ); "La Tête de l'emploi", J'ai Lu, 2014 ( ici ); "Charlotte", Gallimard, 2014 ( ici ); "Le mystère Henri Pick", Gallimard, 2016 ( ici ); "Vers la beauté", Gallimard, 2018 ( ici ); "Deux sœurs", Gallimard, 2019.
Ses romans sont traduits à l'étranger, dans trente-cinq langues.

Début du roman: « Il pleuvait tellement le jour de la mort de mon grand-père que je ne voyais presque rien. Perdu dans la foule des parapluies, j'ai tenté de trouver un taxi. Je ne savais pas pourquoi je voulais à tout prix me dépêcher, c'était absurde, à quoi cela servait de courir, il était là, il était mort, il allait à coup sûr m'attendre sans bouger.
Deux jours auparavant, il était encore vivant. J'étais allé le voir à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, avec l'espoir gênant que ce serait la dernière fois. L'espoir que le long calvaire prendrait fin. Je l'ai aidé à boire avec une paille. La moitié de l'eau a coulé le long de son cou et mouillé davantage encore sa blouse, mais à ce moment-là il était bien au-delà de l'inconfort. Il m'a regardé d'un air désemparé, avec sa lucidité des jours valides. C'était sûrement ça le plus violent, de le sentir conscient de son état. Chaque souffle s'annonçait à lui comme une décision insoutenable. Je voulais lui dire que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'y pense encore à ces mots, et à la pudeur qui m'a retenu dans l'inachèvement sentimental. Une pudeur ridicule en de telles circonstances. Une pudeur impardonnable et irrémédiable. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux lui dire, là. »

Ce roman traite avec un humour inattendu des problèmes graves de la vie. Le narrateur, qui parle à la première personne, rêve d’être écrivain et est… veilleur de nuit dans un hôtel. Après la mort de son grand-père, qu’il n’a pas su accompagner dans ses derniers instants, sa grand-mère est mise en maison de retraite ; elle fuguera – le policier, qui recueille sa déposition, demande «est-elle majeure, votre grand-mère ?» ; il la retrouvera dans son village natal et lui fera passer une journée en CE2, elle dont le grand regret est d’avoir dû, toute enfant, quitter l’école. Le texte est entrecoupé de souvenirs de personnages du roman ou de personnalités évoquées dans le récit – Gainsbourg, Alzheimer, Van Gogh, etc. – souvenirs souvent drôles, toujours touchants. Observateur plus qu’acteur, le narrateur navigue entre mort, famille et amour.

Dans son roman "Les Souvenirs", le premier que je lis de David Foenkinos, l'écriture est très efficace: simple, émouvante et drôle. Le rythme s'accélère au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, ponctué des souvenirs des protagonistes et de personnalités évoquées dans le récit. Voilà vraiment une belle parenthèse à graver dans ses souvenirs...
article Novembre 2014 retour